lundi 13 mai 2013

Le mélange d’essences pour augmenter la rentabilité et la stabilité des peuplements d’épicéa

À l’heure actuelle, les peuplements d’épicéa sont généralement monospécifiques. Une des raisons qui pousse à ce genre de sylviculture exclusive vient du fait qu’il est souvent admis que la rentabilité y est plus élevée.

Cependant, au cours des dernières décennies, la sylviculture de l’épicéa a été quelque peu remise en question. Notamment, en raison de son manque de capacité d’adaptation lors d’événements climatiques extrêmes. Dans ce contexte, le mélange d’essences semble être une solution de choix afin de maintenir une productivité élevée tout en augmentant la résilience des peuplements. Malheureusement, les études économiques concernant le mélange d’essences n’en sont qu’à leurs débuts et les effets écologiques sont encore rarement pris en compte.

Des études récentes ont pourtant montré le bien-fondé du mélange sur la productivité des peuplements d’épicéa. Ainsi, accompagné de hêtre, les épicéas peuvent augmenter leur production en volume de 15 % selon les conditions stationnelles. Leur survie est également améliorée grâce à une résistance accrue aux chablis et aux attaques de pathogènes.

Dans ce contexte, des chercheurs allemands ont comparé la rentabilité de six types de peuplements différents :
peuplement pur d’épicéa ;
peuplement pur de hêtre ;
peuplement mélangé avec 93 % de tiges d’épicéa et 7 % de hêtre répartis en petits groupes ;
peuplement mélangé avec 49 % de tiges d’épicéa et 51 % de hêtre répartis en petits groupes ;
peuplement mélangé avec 93 % de tiges d’épicéa et 7 % de hêtre répartis en groupes importants ;
peuplement mélangé avec 49 % de tiges d’épicéa et 51 % de hêtre répartis en groupes importants.Il en ressort que les peuplements comportant 7 % de tiges de hêtre ont une valeur actuelle nette supérieure de 8 % aux peuplements purs d’épicéa, alors que le risque (représenté par la déviation standard de la valeur actuelle nette), est inférieur de 18 %. Les peuplements avec 51 % de hêtre voient leur valeur actuelle nette diminuer de 23 % par rapport à un peuplement pur d’épicéa, mais leur risque est réduit de 55 %. Dans la plupart des cas, le mélange d’essences par petits groupes offre une meilleure rentabilité et un risque amoindri.

L’hypothèse provenant d’études plus traditionnelles, ne prenant pas ou peu en compte les aspects écologiques, est ainsi remise en question. Plus particulièrement, cette étude montre que l’introduction d’une faible proportion de hêtre au sein des peuplements d’épicéa procure des bénéfices substantiels en termes économique et écologique. [S.P.]

Griess V. C., Knoke T. [2013]. Bioeconomic modelling of mixed Norway spruce-European beech stands : economic consequences of considering ecological effects.European Journal of Forest Research 132 : 511-522 (12 p., 5 fig., 4 tab., 59 réf.).

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