samedi 27 avril 2013

Vive les semences libres !

(...)

La semence qui dit zut

Revenons à nos semences. Avez-vous déjà tenté d’utiliser les graines d’une plante potagère, qu’elle vienne de votre potager, du maraîcher ou du supermarché ? Souvent, le résultat est décevant. En effet, la plante ne produit plus ou très peu, les fruits ou autres parties récoltées n’ont plus les mêmes caractéristiques. L’amoureux du jardinage doit donc se rendre au magasin chaque année pour acheter son stock de semences.

Nous voilà donc deux fois dépendants : une fois pour tous les produits toxiques sans lesquels ces plantes ne prospèrent guère et une deuxième fois pour obtenir chaque année ses semences.

Mais pourquoi donc ces semences nous disent-elles zut quand on les ressème ? Parce qu’elles n’ont plus grand-chose à voir avec les semences naturelles. Les paysans ont, dès les débuts de l’agriculture, cherché à améliorer leur récolte, la résistance des plantes, la saveur et les parfums, la qualité nutritionnelle… La sélection et les croisements sont aussi vieux que l’agriculture elle-même. Mais grâce aux échanges de semences entre agriculteurs, la diversité génétique des variétés paysannes est telle que les semences sont capables de donner une plante productive à chaque saison. Ce n’est pas le cas, comme nous l’avons déjà vu, des hybrides F1.

(...)

Envie d’agir ?

Plusieurs associations comme Kokopelli (www.kokopelli-be.com) ou Semailles (www.semaille.com) travaillent à la sauvegarde du patrimoine de variétés anciennes ou paysannes, les distribuent sans frais dans les pays du Sud, les proposent à la vente ici mais en encouragent surtout l’échange et l’autoproduction par les jardiniers amateurs.

En tant que citoyen, vous pouvez :
vous former pour apprendre à produire vos propres semences, par exemple via Kokopelli ;
cultiver des variétés anciennes, des plantes sauvages, en récolter les graines, les échanger ;
participer aux bourses d’échange de semences ou en organiser une dans votre quartier, à l’école de vos enfants ;
parrainer une ancienne variété via Kokopelli : vous la cultivez, année après année, dans votre potager ;
diffuser l’information, organiser une conférence, acheter un livre, calendrier ou autre publication en guise de soutien…

Partout dans le monde, des banques coopératives de semences ou des « Maisons de la semence » voient le jour. Chez nous, Nature & Progrès accompagne la création d’une semblable plate-forme de sauvegarde des semences et de partage de savoir-faire :
www.natpro.be/dossiers/etudes/unemaisondelasemencecitoyenne/index.html

Notre assiette est un moyen d’action. La biodiversité, ce n’est pas uniquement la mare au jardin ou la prairie fleurie ; nos choix alimentaires sont tout aussi importants pour la préserver. Cultivons et dégustons donc fruits et légumes anciens, choisissons si possible du pain aux céréales paysannes et encourageons les quelques artisans boulangers en achetant leurs produits savoureux et nourrissants. Pour en trouver, les groupements d’achat peuvent être une piste tout comme les répertoires d’adresses de Nature & Progrès ou de Bioforum.

Article rédigé par Els De Geest dans l’Art d’éco… consommer n°90, mars 2013.

Aucun commentaire: